BIOGRAPHIE
Je suis né au Canada par une tempête de neige de plusieurs jours. J’ai grandi lentement, très longtemps, dans le souvenir diffus d'une immense vieille maison avec des escaliers et des greniers partout. Les greniers m'ont toujours passionné. Ils ont quelque chose des tombeaux, ils sont comme des salles d'attente, où les choses attendent de revivre ou de mourir.
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Tout était beau, tout m'intéressait dans la nature.
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Mon grand-père avait à mes yeux toutes les qualités, il était grand, fort, il ne parlait presque jamais mais savait tout faire : des violons, des maisons, des machines, des plans, de la musique, des contes, des chaloupes, il avait même construit un moulin à scie... tout cela après 3 jours d'école, l'ayant quittée en protestant qu'il n'aimait pas ça.
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Mon père, lui, avait un sens particulier de la forme : débosseur d'auto et un peu carrossier, il aimait créer de nouvelles formes, de nouvelles voitures...
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Après, ce fut la ville et l'école, avec toute la tristesse que cela comporte, plus en prime, les trois dernières années d'internat, et en surprime, le cours commercial.
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Ma mère était prête à me faire entrer aux Beaux-Arts, mais après un changement d'établissement scolaire au milieu de la dernière année, je ne m'y retrouvais plus.
Alors ce fut la grande aventure du monde de la vie. Je m'y sentais comme un poussin sur un trottoir, étant encore petit, car je ne grandıs que beaucoup plus tard.
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Je commençai dans un bureau d'architecte, la Truscon Steel Company, cela me convenait, j'étais toujours dehors à transporter des plans sur les chantiers. Après j'ai fait tous les métiers: électricien, tailleur, plombier, éleveur de chiens, photographe, tourneur, assembleur en usine, marin, puis scaphandrier de l'arctique au Mexique avec 2 000 heures de plongée dans les Iles de la Californie.
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Puis vint Maria.
Sans qui tout ceci n'existerait pas. Comédienne, écrivain. Un être d'une sagesse millénaire allié à un volcan. L'amour changea ma vie, je passais de l'errance à la création.
Après quelques mois de cours du soir de céramique et de sculpture, j'entrai à l'atelier d'art Claude Théberge. Cest là que j'appris à travailler la terre par tonnes, proportion qui me semblait juste. Après quelques années consacrées à la décoration d'édifices publics et religieux, j'entrai à l'atelier de Marc Dumas, où je retrouvai un élève de Bernard Leach, mon professeur de céramique, Paul Lajoie. Sans sensualité et son amour des formes bien faites m'influencèrent profondément.
Puis, je me suis retrouvé au milieu du monde du spectacle. Jai fait des décors, des masques, des costumes, des marionnettes, des rôles de composition. J'ai ensuite fait de la mise en scène et une tournée qui m'emmena jusqu'en Inde avec la troupe de l'Athanor, après avoir créé à Paris avec Maria Krishna et Jean Dudan les Ateliers d'Art du Marais.
C'est gráce à Riopelle que j'ai découvert les ateliers de la Fondation Maeght « Tu travailles, tout est là! ». Voilà l'incitation généreuse et sans limite que me propose Monsieur Maeght, cet éternel amoureux. Cest la que se sont développés les Coquilles-Anges, les Livres et les Oraisons Solaires qui préparaient la série des grands disques.
Quand j'ai rencontré la céramique, j'ai compris que j'en avais pour très longtemps et qu'il ne fallait pas que je me presse.
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J'aime travailler très vite, faire avant de penser et surtout regarder les choses se faire sous mes mains. Pour moi le plaisir est dans l'instant de la création.
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Je ne retravaille ni ne discute jamais une pièce, j'aime mieux en faire une autre.
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Je suis profondément religieux mais je n'ai aucune religion.
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La céramique a pour moi quelque chose de sacré, d'alchimique.
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J'aime trop la céramique pour en faire mon métier, je préfère en être l'amant.
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La céramique m'a fait des enfants qui vivent en moi pour l'éternité.
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LOUIS GOSSELIN
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